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Une nouvelle Pentecôte
Jean XXIII a appelé par ses prières cette nouvelle Pentecôte sur l’Eglise. Et on peut dire que le Seigneur l’a exaucé car les textes du Concile Vatican II parlent des charismes même s’ils n’ont jamais quitté l’Eglise. Mais certains charismes avaient été laissés de côté et même, disaient certains, ils appartenaient seulement à l’origine de l’Eglise. Le Concile a redécouvert ces charismes et les a transférés de l’hagiographie à l’ecclésiologie. Avant, nous pensions que les charismes appartenaient aux saints. Mais le Concile a montré qu’ils appartenaient à l’Eglise. Quelques années plus tard, en 1967, le Seigneur a apporté une autre réponse, plus inattendue celle-là, à la prière de Jean XXIII avec l’apparition de communautés où les charismes se manifestaient concrètement. A ce sujet, une parole de Paul VI me frappe beaucoup. Il ne parle pas d’une « nouvelle » mais d’une « Pentecôte pérenne », c’est-à-dire quotidienne. Dans l’ecclésiologie catholique, nous avons une vision de la Pentecôte qui peut et doit succéder chaque jour à l’eucharistie. C’est le contexte idéal pour la Pentecôte ! Il faut sans cesse répéter que la Pentecôte n’est pas une grâce réservée à certains mais qu’elle est pour toute l’Eglise. Le Renouveau charismatique n’est pas un mouvement à côté d’autres mouvements, pour certaines personnes. Il est comme une flamme qui doit enflammer toute l’Eglise. Yves Congar le comparaît à « un feu de brousse ». Et c’est d’ailleurs ce qui s’est passé puisque d’une dizaine d’étudiants qui ont commencé à se réunir pour prier il y a 40 ans, nous sommes passés à plus de 100 millions de chrétiens touchés par le Renouveau à travers le monde. C’est quelque chose d’unique dans l’histoire de l’Eglise. La rencontre avec le Renouveau a-t-elle changé quelque chose dans votre prière personnelle ? Le Renouveau change indéniablement notre façon de prier. C’est l’effet le plus visible de cette nouvelle Pentecôte, de cette expérience de l’Esprit. D’ailleurs, Jean-Paul II a toujours défini le Renouveau comme une grâce de prière pour l’Eglise. Le premier effet de l’Esprit lorsqu’il nous visite, c’est de nous pousser à dire « Abba, Père » : il nous met dans le mouvement de la prière même du Christ. Mais le Renouveau ne dément pas la sagesse traditionnelle des docteurs de la vie spirituelle : ces grâces ne sont pas des sommets mais des commencements. Souvent, les personnes qui persévèrent dans cette vie nouvelle passent à travers des purifications, une aridité spirituelle. Certains, à ce moment là, quittent tout, pensant que la grâce est finie. D’autres s’accrochent et entrent alors dans une vie spirituelle d’une grande profondeur. Peut-être ne prennent-ils plus part à des manifestations estampillées « Renouveau charismatique » mais c’est à lui qu’ils doivent leur conversion. Chez les contemplatives, par exemple, beaucoup de religieuses ont reçu un premier appel au sein du Renouveau. Le Renouveau charismatique n’est pas un mouvement avec un fondateur, une règle ou une spiritualité. Comme son nom l’indique, il renouvelle les gens puis les renvoie à l’Eglise. De nombreuses personnes sont devenues actives dans les paroisses après être passées par le Renouveau. Benoît XVI est-il sensible au Renouveau Charismatique ? Comme Jean-Paul II, que j’ai vu chanter en langue et lever les mains pendant la prière, Benoît XVI est bien disposé à l’égard du Renouveau. Evidemment, Benoît XVI donne aussi - et c’est son devoir - des directives, il indique les dangers à éviter et exhorte à vivre dans la communion avec les évêques locaux. Jean-Paul II avait-il reçu le baptême dans l’Esprit ? S’il l’a reçu, il n’a jamais rendu public ce fait. Il avait des traits charismatiques, comme a pu le révéler le préfet de la Maison pontificale, le cardinal Martin. Il a pratiqué l’exorcisme, il croyait aux charismes de guérison, de libération. Il avait une solide structure « traditionnelle » mais aussi un esprit ouvert et libre. L’esprit charismatique se caractérise comme un esprit de liberté. Saint Paul le dit : « Là où il y a l’Esprit de Dieu, il y a la liberté ». Nous sommes beaucoup plus spontanés, plus libres sous l’influence de l’Esprit.Père Raniero Cantalamessa Prédicateur de la Maison pontificale
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