Seigneur,
On Te soupçonne de manipuler les
hommes par la contrainte et la peur de l'enfer:
Tu ne les attires que par
amour.
On Te soupçonne d'avoir des complicités avec la
mort des êtres chers
Tu n'as de connivence qu'avec
leur vie.
On Te dit mesquin et fouineur de conscience:
Nos médiocrités
ne mobilisent que Ta Tendresse.
On Te croit ennemi de la joie:
Tu en es la source.
On T'incrimine d'être l'opium des opprimés:
Tu es l'animateur de tous
les Solidarnosc.
On Te pense contrarié ou jaloux de nos recherches scientifiques:
Tu offres à l'homme
un univers infini à explorer.
On T'imagine rancunier:
Tu pardonnes comme nous respirons.
On Te voit figé comme un monarque
Tu es ardent comme un berger.
On Te croit initiateur de l'inquisition
Tu en es la victime.
On T'imagine grand-papa gâteau
Tu es jeune, pauvre, mendiant.
On T'incrimine d'être une bouée de sauvetage:
Tu nous apprends à
nager.
On prétend que Tu es "quelque chose au-dessus de
nous "
Tu es Quelqu'un au-dedans
de nous.
On Te cherche chez les justes
Tu loges chez les pécheurs...
On Te cherche dans les chaires de théologie
Tu es assis dans l'herbe au
banquet des amoureux.
On Te cherche, tenant dans la main, la foudre et le fléau:
Tu joues une sardane, avec
un roseau froissé ".
On Te cherche dans un cimetière
Tu accompagnes sur le chemin
deux voyageurs égarés.
On veut Te cerner dans le filet des mots:
Tu Te poses sur le sourire
des enfants.
Stan Rougier,
" d'après son témoignage dans " Itinéraires
vers Dieu " Éd. Médialogue