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LE REVEREND PERE ODORIC MARIE JOUVE La célébration du 800ème anniversaire de la fondation de l’ordre franciscain est l’occasion de rappeler le souvenir d’un enfant du pays, originaire de Recharinges, qui fut non seulement un religieux exemplaire, mais aussi un historien érudit. Le texte qui suit est en grande partie tiré des archives franciscaines. Nous remercions l’archiviste provincial de St Joseph du Canada à Montréal, de nous avoir aimablement transmis la biographie du Père Odoric pour notre bulletin inter paroissial. Nous remercions également le frère Hugues qui nous a transmis plusieurs documents précieux et complémentaires des archives franciscaines de Paris et Toulouse et les membres de la famille pour leurs recherches et les précisons qu’ils nous ont apporté François-Alphonse Jouve est né le 28 août 1875 à La Coste (selon l’état civil de la commune d’Araules). Ses parents Jouve Michel et Marie Treveys ont habité plus longtemps à Combevieille au lieu dit « Bonarme ». A 14 ans, Alphonse est envoyé pour ses études au Collège Séraphique (des franciscains) à Bordeaux. Il avait prononcé ses premiers vœux le 15 août 1895 et ses vœux perpétuels le 8 septembre 1898. Le 1er juillet 1901 il était ordonné prêtre à Montréal. II n'avait que 19 ans lorsqu'il vint au Canada; il échappait ainsi légalement, moyennant dix ans de séjour à l'étranger, aux trois années de service militaire obligatoire. En fait, il est resté parmi nous 24 ans, de résidence principalement au couvent de Québec. Affable et gai, le père Odoric était chéri des jeunes, tant du scolasticat pour qui il organisait le pique-nique annuel des vacances, que du quartier ; des années après son départ, les enfants s'empresseront encore auprès des religieux — une spécialité du couvent de Québec pour demander des médailles et baiser le crucifix de la couronne, ce à quoi les avait habitués le P. Odoric. Si son ministère ordinaire, tout empreint de bonté auprès des humbles et des malades, est déjà admirable, ce n'est pourtant pas dans la prédication ou l'enseignement qu’il devait se signaler, mais dans la recherche érudite. Historien des Récollets, il a écrit de nombreux articles dans la Revue du Tiers-Ordre et de la Terre-Sainte, le Bulletin des recherches historiques, La Nouvelle-France, L'Enseignement primaire, Catholic Encyclopedia, L'Action sociale, etc., et publié plusieurs volumes : Les Frères Mineurs à Québec, Le Frère Didace Pelletier, Etude critique et historique sur les Actes du Frère Didace, et plus tard en France Les Franciscains et le Canada aux Trois Rivières. » Il retourna en France le 16 octobre 1919 pour y terminer sa longue et fructueuse carrière en 1953, à l'âge de 77 ans, après 57 années de profession religieuse et 5l de sacerdoce. Il décédait le 8 février 1953 à Berck-Plage où il est inhumé. (A suivre) * Récollets : Nom des religieux réformés de l'ordre de Saint-François, ainsi nommés de ce que, par esprit de récollection, ils demandèrent au pape Clément VII, en 1531, la permission de se retirer dans des couvents particuliers, pour y observer à la lettre la règle de leur patriarche. Le Révérend Père Odoric-Marie JOUVE, ofm (suite) « Il ambitionnait même de publier un dictionnaire biographique de tous les Récollets missionnaires en Nouvelle-France. Dans ce but, il avait inventorié divers dépôts d'archives au Canada et en France; mais la mort est venue enlever ce patient chercheur avant la fin de ses travaux. Il a laissé des liasses de notes, que la Province de France a bien voulu céder au Canada. Le P. Archange Godbout, qui était resté en correspondance suivie avec l'historien, avait été chargé de cette documentation qui lui était familière. Un travail considérable de recherche, compilation et rédaction s'impose encore avant la publication du dictionnaire; mais on espère que la Province Saint-Joseph pourra un jour rendre hommage, de cette manière, aux mérites de nos glorieux devanciers. Pour le troisième centenaire de l'établissement de la foi au Canada (1615-1915), de grandioses fêtes avaient lieu à Québec, Montréal et dans l'Ontario. En préparation de ces solennités, le P, Odoric publia, en 1915, Les Franciscains et le Canada : l'établissement de la foi. Il sera l'âme des comités qui réaliseront, de splendide façon, le programme des célébrations; puis, en 1917, il en éditera le rapport : Le troisième centenaire de rétablissement de la foi au Canada, volume souvenir. Et si, pour en perpétuer la mémoire, le superbe Monument de la foi s'élève, depuis le 16 octobre 1916 sur la Place d'Armes à Québec (ancien terrain des Récollets), on le doit en tout premier lieu au P. Odoric qui en fut l'instigateur et qui, par sa diplomatie et son incessante activité, put en assurer la réalisation. De retour en France, il fut aumônier des Franciscaines Missionnaires de Marie à Paris, et accomplit du ministère paroissial durant la guerre (1939-1944). Avec l'âge et son cortège d'infirmités, sonnait bientôt l'heure d'une semi retraite. Il se retira à Berck-Plage, comme aumônier de l'Institut Calot, dirigé par les Franciscaines Missionnaires. II y remplit mille services, accomplissant avec entrain ce que l'on n'osait pas demander aux autres chapelains, toujours joyeux et abandonné à Dieu. Le P. Odoric était un humble, très peu connu de ceux qui n'avaient pas séjourné avec lui au Canada. La paralysie accentua encore cet effacement et le ravit sans bruit après la sainte communion. Les Franciscaines lui firent de dignes funérailles, présidées par le P. Ephrem Longpré, notre médiéviste canadien résidant à Paris. Cet ami intime du défunt aura formulé le jugement de l'histoire en écrivant ces paroles, qui méritent d'être gravées sur la pierre du tombeau : « Les Récollets dit Canada ont occupé sa pensée et son coeur toute sa vie. » P. HERVÉ BLAIS » NB : A l'heureuse initiative du Père René Bacon, o.f.m., avec la collaboration d’Archange Godbout et Herve Blais, sous la signature du Père Odoric-M. Jouve, le Dictionnaire biographique des récollets missionnaires en Nouvelle-France a été publié en 1996 (Editions Bellarmin. Montréal). Cet ouvrage, hommage au Père Jouve, rappelle que ce religieux a consacré toute sa vie a écrire l'histoire des récollets, ancêtres des franciscains d'aujourd'hui et premiers missionnaires a œuvrer dans la vallée du Saint-Laurent de 1615 a 1629, puis de 1670 a 1849.
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