Un peu d’histoire
Le Jeudi Saint des Pénitents blancs


L’histoire de la paroisse a été imprégnée de la dévotion de la confrérie des Pénitents Blancs pour Notre-Dame dont la chapelle constitue l’une des richesses patrimoniales de la cité : on sait cependant qu’elle existait bien avant sous la forme d’un petit édifice qui fut peu à peu agrandi.
En cette période pascale, comment ne pas évoquer l’existence de cette compagnie dont la raison d’être reposait sur « l’idée de la pénitence volontaire et de la nécessité de cette pénitence ».
Un rendez-vous d’honneur
Dans la lignée de la confrérie du « Gonfalon » ou des « Pénitents Blancs » fondée à Rome dans la deuxième moitié du XIIIe siècle, la création  des « Pénitents Blancs de la ville d’Yssingeaux » remonte à 1629  sous le vocable de la « Nativité de la bienheureuse Vierge Marie ». Dans son livre écrit à la fin du XIXe siècle, l’abbé Colly raconte que la confrérie fut très vite considérée comme un « rendez-vous d’honneur » et que, malgré une sévère discipline, les hommes, sans distinction de classe et de métier, se faisaient un devoir de lui appartenir : notaires, laboureurs, bourgeois, marchands, tanneurs, militaires, nobles…
Malgré la fermeture de leur chapelle transformée en « théâtre de sans-culottes », la plupart des Pénitents firent face à la tourmente révolutionnaire : la confrérie dissoute en 1792 fut reconstituée et récupéra son temple peu après, mais il faudra attendre le 28 août 1806 pour qu’un arrêté préfectoral sauve de la destruction la chapelle des Pénitents et la déclare: « propriété de fabrique ».
Un spectacle saisissant
Les Pénitents honoraient d’un culte particulier le très Saint-Sacrement  et la sainte Vierge. Ils prenaient part aux cérémonies solennelles de la paroisse, mais « leur » grande procession avait lieu  le Jeudi-Saint à la tombée de la nuit.
Vêtus de blancs, voilés, pieds nus, les Pénitents allaient en cortège par les rues en un spectacle saisissant : certains portaient les instruments du supplice de la Passion, d’autres des flambeaux et des lanternes rondes. Entouré des larrons, le porteur de croix dissimulait son visage sous une cagoule. Régulièrement, un pénitent frappait un coup de bâton sur la croix, et tout venait rappeler la marche douloureuse du crucifié.
Pendant deux heures au moins, le défilé à travers la ville marquait un temps d’arrêt devant chaque reposoir, mais aussi à hauteur de plusieurs maisons où une petite table était surmontée d’un crucifix entre deux bougies éclairées : là quelques confrères venaient chanter et prier, cela, en vertu des « fondations », ces promesses pieuses faites par certains fidèles. L’abbé Colly avait cité quelques-unes de ces stations  en précisant que les repentants disaient un « de profondis » au portail Saint-Antoine, un autre chez M. Pipet ou à la porte de la veuve Rousset, avant de chanter l’Ave Maria chez M. Pierre Jamon ou encore le Stabat sur le pas de porte d’Ignace Souchon ou de Joseph Fraisse, aubergiste faubourg de l’Arena… Une célébration à l’église avec le lavement des pieds, ponctuait ce Jeudi-Saint.
Au début du XXe siècle, les pénitents yssingelais étaient encore 150, mais l’hécatombe de la guerre de 14-18, puis les effets de la deuxième guerre mondiale mettront un terme aux activités de la confrérie qui comptait seulement huit éléments en 1930. Quelques images seulement subsistent de ce temps et témoignent de la ferveur pascale yssingelaise.

Les Pénitents blancs place de la Calade lors de la procession du Jeudi Saint.

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