LAPTE

HISTOIRE DE L'EGLISE DE LAPTE


Lapte (lapis alta, pierre haute), comportait, au coeur du bourg, un rocher de 6m de hauteur sur lequel fut construit en 1119, une chapelle de style roman, sans doute celle d'un château fort. Placée sous le patronage de St Jean, elle dépendait du prieuré de Grazac. La paroisse était desservie par les moines de Cluny, protégés dans la contrée par les " de Chapteuil ", seigneurs de Lapte.

En 1610, la démolition du donjon du château permit l'agrandissement de la nef et la construction de petites chapelles. Le choeur, compris dans un demi-cercle d'une muraille très épaisse, supportait un clocher qui nécessita bien des réparations. Le 1er avril 1883, le besoin de réfection et d'agrandissement de l'église de Lapte, fortement endommagée par les ans, incite M le curé Séauve et le conseil de fabrique à reconstruire l'église. Et lorsqu'au cours de l'office du dimanche 1er juillet 1883 la foudre tombe sur le clocher, faisant 2 morts et plusieurs blessés dans l'assistance, un projet de reconstruction de l'église s'impose.

En 1885, au cours d'une mission une souscription volontaire est lancée auprès de la population. C'est à un architecte de Valence qu'est confié le projet. Les pierres des murs de l'ancien cimetière et des 3 habitations voisines, sont utilisées pour les fondations... Les pierres de taille sont extraites des carrières villages du Bouchet et de la Souche, les colonnes et pilastres de celles de Chazeaux. Le transport des matériaux est assuré bénévolement par les habitants grâce à la traction animale. Le 22 avril 1889, l'ancienne église est livrée à la démolition. Désormais les offices se déroulent à la chapelle des Tiersiaires, plus connue sous le vocable de chapelle des Capucines, malgré son insuffisance et une menace d'effondrement. Le dimanche 8 septembre 1889, Mgr Petit, évêque du Puy, bénit la pierre angulaire de la nouvelle église. L'église est couverte de lauzes des carrières du Pertuis. Le clocher est élevé jusqu'à la moitié de la hauteur de l'étage de la sonnerie, lorsqu'en septembre 1891, les entrepreneurs déclarent faillite. Les travaux de reconstruction de l'église sont arrêtés.

Après des difficultés administratives et financières, les travaux recommencent le 25 juin 1893 grâce à l'engagement de l'abbé Séauve de fournir les fonds. La population a fait de grands sacrifices pour reconstruire son église, avec l'aide d'une subvention du ministre des cultes. Le toit est rendu étanche et les voûtes sont construites. L'édification du clocher est réalisée jusqu'au niveau de la plate-forme. Ne disposant pas des ressources nécessaires pour faire face au déficit, le conseil de fabrique et la municipalité décident d'ajourner les travaux du beffroi, de la pose des vitraux et de l'exécution d'une partie des sculptures. Néanmoins, le 5 août 1894, l'abbé Séauve bénit la nouvelle église. Le dimanche 27 septembre 1896, Mgr Guillois, évêque du Puy, consacre cette église de Lapte, construite en grande partie grâce à la générosité de l'abbé Séauve et de ses paroissiens.

(Article réalisé grâce à l'étude de Philippe Gaucher)

LES VITRAUX AU PLOMB SONT NOMBREUX
Certains ont été réalisés par monsieur Ellès, maître verrier de Lyon : saint Jean Baptiste de la Salle, saint François Régis, saint Louis, la dernière communion de saint Claude, sainte Jean d'Arc, le baptême de Clovis, la visite de Jésus à Marthe et Marie, des pèlerins recevant la bénédiction d'un évêque.
D'autres petits vitraux ont été réalisés par J Florence : Louis XVI dans sa prison, l'apparition du Christ à sainte Marguerite Marie, l'apparition du Christ à sainte Angèle de Foligno, Jésus guérissant les malades, le Sacré-Cœur, la scène du calvaire, l'offrande de sainte Gertrude, la cène, le songe de Jacob, Abraham et la promesse de Dieu, Adam et Eve.
D'autres vitraux sont consacrés à la Vierge Marie et aux apparitions de Lourdes, la Salette, à Catharine Labouré…D'autres vitraux encore de Mauvernay : représentent saint Marc, saint Joseph, saint Jean, saint Jacques, sainte Cécile.

L'orgue a été offert en 1908 par la famille de la Rochette ;
Le beffroi renferme 4 cloches.
Le chemin de croix est de style 19eme

 

 

HISTOIRE LOCALE
III - Les expropriations sur la commune de Lapte pour la dérivation du Lignon.
-Le 8 septembre 1907 : Les offres de la ville de Saint-Étienne aux propriétaires et à tous autres intéressés, expropriés pour l'établissement du barrage-réservoir de Lavalette, ont été publiées à son de tambour et affichées dans la commune de Lapte.
-Le 13 septembre 1907, M. le préfet écrit à M. le procureur de la république :
" J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien demander au tribunal civil la désignation des jurés titulaires et suppléants, devant former le jury spécial chargé d'évaluer les terrains restant à acquérir ".
-Le samedi 12 octobre 1907 est publié la liste des jurés de l'expropriation des terrains nécessaires à la ville de Saint-Étienne pour le barrage de Lavalette :

-Le 14 octobre 1907, à 14 heures, débute le procès des expropriations. M. Louis De Lagrevol, juge au tribunal de première instance d'Yssingeaux, nommé magistrat directeur du jury spécial des expropriations, est chargé de régler les indemnités dues aux propriétaires fermiers ou ayant droit expropriés .
Le greffier a fait l'appel de la cause entre M. le maire de la ville de Saint-Étienne représenté par M. Thiollière Antoine ingénieur des Ponts et Chaussées domiciliée à Saint-Étienne et en l'absence de ce dernier par M. Morel Georges conducteur des Ponts et Chaussées, assisté de M. Ponceton avocat partie expropriante d'une part ; et les 68 propriétaires fermiers ou ayant droit, d'autre part.
Il a été ensuite procédé à l'appel nominal de Messieurs les jurés titulaires et supplémentaires dans l'ordre de l'état établi par le jugement
Tous les jurés ont répondu à l'appel de leur nom, à l'exception de MM. Sigaud, Griffon, Neyron et Eyraud.
Il a été statué sur ces absences et sur les causes d'empêchement présentées. Attendu que ces jurés se trouvent pour cause de maladies ou pour empêchement pleinement justifié dans l'impossibilité complète de prendre part aux opérations du jury, il a été admis l'excuse par eux présentée ; ont été rayé de la liste des jurés titulaires les absents et ils ont été remplacés par MM. Pic, Mourier, Nouvet et Riou jurés supplémentaires.
La liste des 16 jurés présents ainsi arrêtée, il a été procédé à la formation d'un seul jury pour statuer sur les affaires. Par suite des récusations exercées contre :
M. Tochon, par M. Ponceton au nom de la ville de Saint-Étienne ;
M. Blancon par M. de Lagrevol avocat au nom des expropriés présents ou représentés ;
M. Calvet par M. Antoine de Lagrevol, avocat au nom des mêmes ;
M. Pic par M. Ponceton au nom de la ville de Saint-Étienne.
Le jury unique chargé de fixer les indemnités dues aux parties présentes ou représentées a été composé des 12 jurés.
Les jurés ont ensuite pris connaissance du tableau des offres et des demandes, des plans parcellaires, titres et documents produits par les parties à l'appui de leurs offres et demandes. Ayant le droit de se transporter tous sur les lieux s'ils le jugeaient utiles, le jury s'est rendu dans la chambre de conseil pour délibérer à ce sujet. Après une demi-heure de délibérations, les jurés ont repris leurs places en la salle d'audience. L'un d'eux a fait connaître qu'ils désiraient tous se transporter sur les lieux, commencer leurs visites par la commune de Lapte, en descendant le cours du Lignon, et vu l'heure avancée, partir demain 15 octobre courant à 6h30 du matin pour opérer cette visite, le rendez-vous pour le départ étant fixé en face de l'Hôtel de Ville.
(A suivre).



Les membres du jury en visite, au bord du Lignon, au Châtelard.

UN PEU D'HISROIRE

V – Les expropriations sur la commune de Lapte pour la dérivation du Lignon- 2ème série : 

  • Le 16 octobre 1907, l’acquisition des terrains nécessaires à l’établissement du barrage-réservoir de Lavalette est terminée. Avant de recourir au jury d’expropriation, on a pu réaliser un certain nombre de traités amiables.

A la date du 2 juillet dernier, il a été soumis à l’approbation du conseil municipal une première série de ces traités portant sur une surface de 44 hectares 71 ares 53 centiares ; aujourd’hui, il est présenté une deuxième série concernant l’acquisition d’une surface de 15 hectares 1 are 30 centiares, et le paiement d’une somme de 3750F pour indemniser un fermier.
Les résultats de cette seconde série de traités amiables sont détaillés dans le tableau ci-dessous.

Propriétaires

Surface en ares

Prix (en F)

Victor Montchal, au Brus de Verne

111,75

6000 

Lucien Veylon, au Monteil, Sainte-Sigolène

77,20

2600

Pierre et Antoine Champagnac à Montjuvin

23,55

1450

Héritiers de Jacques Besset, fils de Félix, à Montjuvin

38,50

1850

Jean-Marie Liotier, fermier de Mme la Marquise de Fenoyl, Lapte

1488.133

3750

 

  • Le 8 février 1908 : une gratification importante (2800F) est votée par la ville de St-Etienne pour M. Bribes, conducteur des ponts et chaussées. Ce dernier s’est mis à l’œuvre dès la fin de 1906 et a cessé ses opérations vers le 15 octobre 1907 ; il a réalisé l’acquisition de 60 hectares environ, dont le prix moyen s’établit à 6180F l’hectare et réglé la totalité des indemnités industrielles, dont le montant global atteint 95000F. Le résultat ainsi obtenu est très satisfaisant, surtout si on le compare à ceux des expropriations précédentes, où les prix fixés par le jury avaient été, notamment en 1903, exagérés d’une façon déraisonnable. La ville de St-Etienne estime que M. Bribes s’est acquitté d’une manière très convenable de la mission qui lui avait été confiée et que, pour reconnaître les services ainsi rendus, il y a lieu de lui allouer une rémunération exceptionnelle.

Il a été assisté dans ses démarches par M. Champagnac, garde assermenté, qui est au service de la ville depuis une dizaine d’années. Cet agent réside à Montjuvin, à proximité des terrains dont la ville a poursuivi l’acquisition ; « il a prêté à M. Bribes un concours très utile et a fait preuve de beaucoup d’intelligence et d’habilité ; il a d’ailleurs montré, en toutes circonstances, les mêmes qualités et un zèle très dévoué ». Il est alloué à  M. Champagnac 1200F.

  • Le 11 avril 1908, M. le préfet de la Haute –Loire ordonne l’ouverture d’enquêtes parcellaires dans les communes de Lapte et de Saint-Jeures en vue de l’expropriation de terrains nécessaires à l’exécution de la dérivation du Lignon.
  • Le 21 avril 1908, au cours de l’enquête parcellaire, s’est présenté le nommé Gibernon Jean, propriétaire, lequel déclare que l’expropriation de sa propriété s’opère le long du Lignon et demande qu’un chemin de service soit établie à la suite de l’emprise de la ville de Saint-Étienne, le soussigné demande que le droit de pêche lui soit conservé.

S’est également présenté le nommé Viallard Augustin, propriétaire, lequel déclare faire les mêmes réclamations que Gibernon et fait toutes réserves au sujet des détériorations que pourrait subir le bief qui dessert l’ancien moulin situé en aval lui appartenant.

  • Le 26 mai 1908, M. Le préfet prend l’arrêté de cessibilité qui doit précéder le jugement d’expropriation.
  • Le 1 juin 1908, est prononcé le jugement d’expropriation pour cause d’utilité publique.
  • Les 29 et 30 juillet 1908, a lieu le procès des expropriations. Les jurés ont fait connaître qu’ils désireraient commencer leur visite des lieux par la commune de Lapte. Le 30,  Me Poncetton, avocat de la ville de Saint-Étienne, a présenté des observations générales sur les expropriations :
  • Les propriétaires conservent le droit d’ouvrir des jours et vues et de planter jusqu’à la limite de leurs propriétés ;
  • Pour accéder aux parcelles dont les chemins de desserte seraient coupés, la ville autorisera le passage sur le chemin qu’elle entend établir sur la plus grande partie du pourtour du réservoir ;
  • Pour conserver les communications entre Lapte et Saint-Jeures, le chemin actuel sera dévié et franchira la vallée sur le couronnement du barrage.
  • Le droit de pêche est accordé aux propriétaires riverains, dans les limites prévues par le code civil et par les règlements administratifs.
  • La ville abandonne à chaque propriétaire tous les arbres situés sur les parcelles expropriées, à charge par eux d’avoir à les enlever avant le commencement des travaux.
  • La faculté de préemption est réservée aux propriétaires expropriés ou à leurs ayants droit, au cas où une partie quelconque du sol de l’emprise viendrait à perdre la destination en vue de laquelle l’expropriation est poursuivie.
  • De ce que la ville s’engage à rapporter sur les propriétés non acquises les bornes se trouvant actuellement sur les emprises. (A suivre).

VI – Les expropriations sur la commune de Lapte pour la dérivation du Lignon- 2ième série : 

  • Le 30 juillet 1908, le procès des expropriations se poursuit et envoie la ville de Saint-Étienne en possession des terrains expropriés les concernant, à la charge par elle de verser les indemnités suivantes :

Propriétaires

Surface en ares

Prix (en F)

Gibernon Jean-Marie

17,30

1150

Dufaux Joseph, de la Vernelle, en qualité de propriétaire

6,89

295

Viallard Augustin

3,25

160

Mounier Jean-Marie

3,00

147

Dufaux Joseph en qualité de fermier de Mounier Jean-Marie

 

25

  • Le 31 juillet 1908, commence la construction de la maison des gardes.
  • Le 17 septembre 1908, l’achèvement des travaux du barrage de prise d’eau de Pont de l’Enceinte va permettre de supprimer l’emploi de conducteur des travaux, actuellement occupé par M. Nolot, conducteur des ponts et chaussées.

La ville de Saint-Etienne est secondée, dans la préparation des projets et dans la surveillance des travaux du Lignon, par M. Morel, conducteur principal des ponts et chaussées. L’importance des études à faire et du projet à préparer pour le barrage réservoir de Lavalette, la difficulté particulière des travaux à effectuer dans le lit même du Lignon et dont l’exécution est commencée depuis le début de mai, le nombre important d’affaires soulevées, soit par les travaux antérieurs, soit par les travaux en cours, rend indispensables le concours permanent  d’un agent expérimenté, se consacrant exclusivement à ces questions.

  •  Le 12 février 1909, les travaux préparatoires à la construction du Barrage-réservoir de Lavalette sont adjugés à l’entreprise Joanny.
  •  Le 26 mai 1909, lors du conseil municipal de Saint-Etienne,  le maire lit l’exposé suivant :

« La conduite d’amenée qui part du Pont de l’Enceinte pour aboutir à Saint-Étienne a été mise en service en avril 1908 ; c’est grâce à l’appoint ainsi fourni par les eaux du Lignon que l’alimentation de la ville a pu, malgré un hiver très sec, être assurée sans rationnement ; sans cet appoint, c’eut été impossible, ainsi que le montrent les chiffres suivants : Au 1er septembre , les barrages du Furan contenaient 2649000 m3 ; les débits du Furan et des sources ont été, à partir de ce moment, très notablement inférieurs à la consommation journalière, qui a été de 35000 m3 en moyenne ; le 20 novembre, le volume restant n’était plus que de 1038000 3. Sans la sauvegarde du Lignon, la prudence aurait commandé de rationner avant même d’avoir laissé les réserves descendre aussi bas ; le débit moyen du Furan s’est maintenu vers 23000m3 depuis le 20 novembre 1908 jusqu’au 10 mars 1909. Si on avait continué à prélever quotidiennement 35000m3 au Furan, les barrages auraient été entièrement vides vers le 1 mars 1909 ; cet appoint, entre  23000 et 35000 m3 a été fourni par le Lignon qui, dès la première année de sa mise en service, a ainsi épargné à la population un rationnement d’au moins 3 mois.
Vous savez également que les travaux d’adduction du Lignon n’ont pas seulement pour but d’assurer la continuité du service sur la base actuelle d’une consommation quotidienne de 35000 m3, ils doivent également permettre de faire face à l’extension de cette consommation ; ce résultat ne peut être entièrement et définitivement assuré que par la création d’une réserve importante dans la vallée du Lignon.
On a envisagé, à ce sujet, diverses solutions. Au début, on prévoyait la création de deux barrages : l’un de 15 m de hauteur en aval du Pont de l’Enceinte, l’autre de 20 m à Lavalette ; leur capacité totale était évaluée à 4300000 m3. On prévit ensuite la création d’un réservoir unique à Lavalette ou à la Chazotte (ces deux points sont d’ailleurs distants d’une centaine de mètres seulement).
La question fut examinée par l’administration précédente. Par délibération du 24 août 1906, le conseil municipal votait un emprunt complémentaire nécessaire à l’achèvement des travaux de la conduite et à la construction du barrage réservoir et s’arrêtait au projet d’un barrage de 30 m dont la capacité était évaluée à 7 millions de mètres cubes.
Les travaux préparatoires à la construction de ce barrage ont été adjugés et commencés en mai 1908 ; ces travaux ont pour but de détourner le cours d’eau pendant la construction du barrage ; ils se sont effectués normalement en ce qui concerne le batardeau en maçonnerie établi en travers de la rivière et le canal de dérivation à l’air libre ; mais on a rencontré dans l’exécution de la partie souterraine de la dérivation des difficultés assez sérieuses, et qui n’ont pas permis de l’achever assez tôt pour pouvoir entreprendre en 1909 la première campagne de construction du barrage proprement dit. »

 

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