Un
maître de la lumière réenchante la collégiale
Est-ce la similitude de prénoms qui institue
une connivence naturelle ? Est-ce la même quête spirituelle
qui les anime ?
Ou est-ce une grâce singulière à mettre à
l'actif du Tout Puissant ? Toujours est-il que, hier matin, le maître
verrier Henri Guérin et l'évêque ponot Henri Brincard,
ont livré au public rassemblé en l'église de
Retournac, un savoureux numéro de duettistes. " Un numéro
non préparé " assuraient-ils à la cantonade,
le sourire aux lèvres, qui n'engendrait pas les larmes et qu'il
est bien difficile de reproduire in extenso.
L'heure était en effet aux réjouissances puisqu'il s'agissait
pour la population de Retoumac, Jean-Théophile Delolme, son
premier magistrat en tète, escorté de diverses personnalités,
d'inaugurer les neuf vitraux signés du maître Henri Guérin
qui confèrent à la collégiale Saint Jean-Baptiste
un cachet incomparable. L'église de Retournac a été
construite durant la seconde moitié du XIIe siècle.
Classée monument historique depuis le 23 octobre 1907, cette
église romane est construite dans une roche gréseuse,
d'un coloris ocre jaune très chaleureux et elle est couverte
de lauses. Cette église a reçu de 1966 à 2006
plusieurs commandes successives de vitraux confiées à
Henri Guérin, un artiste verrier de renommée internationale,
né en 1929 qui vit dans la région toulousaine.
Fougue, spiritualité
et élégance
La relation entre Guérin et Retournac est singulière,
puisque les neuf verrières dont la réalisation s'étale
sur quarante ans, couvrent les grandes périodes de création
du maître verrier. Le visiteur peut ainsi apprécier le
cheminement créatif de l'artiste, depuis la fougue tumultueuse
de la jeunesse jusqu'à l'élégance apaisée
de la maturité qu'une vive spiritualité transcende.
Chez Guérin, si l'abstraction est lyrique, elle reste cependant
attachante.
Henri Guérin travaille la dalle de verre éclatée
dans sort épaisseur de manière à donner toutes
des nuances de couleur et de valeur à ses compositions. Pour
cela, dispose d'une palette inouïe de plus de huit cent cinquante
couleurs de verre !
Une telle richesse de nuancier confère à chacune des
pièces produites par ce maître de la lumière une
réelle puissance évocatrice qui, associée à
la sûreté du motif, libère une énergie
positive qui se lit incidemment comme une invitation au bonheur, ici
et maintenant. Et, pourquoi pas, comme le suggérait l'évêque
du Puy-en-Velay avant de bénir l'ouvrage, comme une préfiguration
les délices paradisiaques ?
Fabienne Mercier