En 1847 Retournaguet
qui comptait alors avec les villages près de 700 habitants,
voulut avoir son église, non sans raison d'ailleurs. Il importe
de savoir, écrit un chroniqueur, que pour se rendre à
l'église et au cimetière de Retournac, les habitants de
Retournaguet devaient franchir la Loire par l'un des moyens suivants
: le pont en fils de fer soumis au péage, la barque ou le gué.
Le premier était onéreux ; les deux autres toujours périlleux
et souvent impraticables.
Le village de Retournaguet qui signifie "
gué de Retournac " remonte
loin dans le passé. Vers 1890, on pouvait voir encore, au nord-ouest
du village, les vestiges d'une demeure antique une maison-forte, sans
doute, comme celle de Chabanole avec sa tour en partie démolie,
ainsi qu'une portion des voûtes abritant des caves ou des écuries.
Le Cartulaire
de Chamalières, recueil des titres de propriété
du monastère, en fait mention pour la première fois en
1172. " Dans le temps où vivait le prieur Pons de Chalencon,
mourut une dame de Retournaguet, appelée Poncia, qui dans le
dernier acte de sa vie, donna à Dieu et au monastère de
Chamalières, pour le repos de son âme et des âmes
de ses parents, la quatrième partie d'une ferme au village d'Arnoux
" Faut-il voir dans Poncia, la dame du castel de Retournaguet autour
duquel s'étaient blotties les masures des laboureurs ? Il est
impossible de le conclure d'après les archives où nous
relevons le nom de quelques propriétaires de l'époque.
En 1282, Astorg (qui a donné Astor) de Ribbes, damoiseau, vend
au seigneur de Roche tous ses droits sur le village de Retournaguet
et ses dépendances.
En 1285, Noble Julien de Mézères fait hommage à
l'évêque du Puy des fiefs de Mercuret et de Retournaguet.
En 1308, Noble Jean de la Toureille, Jacques Savy, de Retournac.
En 1309, Pierre Astorg de Retournaguet, reconnaît posséder
une maison et granges et jardin au dit lieu.
Même reconnaissance par Pellat du Prat (surnom de la famille Vidal).
Maître Jacques de Planèzes, pour des censives à
Retournaguet.
Retournaguet appartenait
jadis au mandement d'Artias (territoire soumis à l'impôt)
dont le château relevait de la puissante baronnie de Roche. Un
cadastre dressé dans les premières années du XVII"
siècle, divise en deux parties le mandement d'Artias. La première
sur la rive droite, comprenait Retournaguet, Le Bouchet et Arnoux, une
partie du Faux et de Planèzes, Vaunac et Sarlis. La deuxième
partie sur la rive gauche de la Loire : Artias, Mens, Tarriès,
Lachamp, Artites, Le Corset, Tousse, Lingoustre et La Bastide.
On ne manquera pas de remarquer que ce sont les villages de cette deuxième
partie du mandement d'Artias qui bénéficient encore de
nos jours d'une coupe annuelle de bois dans la forêt de Mione.
C'était en 1845, après avoir
obtenu de l'autorité diocésaine l'autorisation de construire
une église, les habitants du village de Retournaguet se mirent
à l'oeuvre sous la direction d'un; comité qu'animait
André Gignoux. La maison de Dieu était à peine
finie que Retournaguet obtenait son pasteur. Monsieur l'abbé
Laniel, prêtre de l'endroit, fut nommé curé le 23
décembre 1847, et le 2 janvier 1848 avait lieu l'inauguration
de la nouvelle paroisse, placée sous le patronage de Marie Immaculée.
Un an plus tard, le 10 janvier 1849, une ordonnance de Louis-Napoléon,
accordait la reconnaissance officielle. Monseigneur de Morlhon, évêque
du Puy, qui érigea la colossale statue de Notre-Dame de France,
en communiquait la bonne nouvelle en ces termes à Monsieur l'abbé
Laniel : " Je viens de recevoir l'arrêté du gouvernement
qui érige en succursale l'église de Retournagnet. Vous
le voyez, vos soins, vos peines et vos sacrifices ne sont pas perdus.
" Ce bon prêtre méritait bien les éloges de
son évêque ; depuis un an, il vivait dans la pauvreté,
l'abnégation et les soucis. Il reste curé de Retournaguet
de 1848 à 1868, année de sa mort. Il eut le mérite
de jeter les bases de la paroisse
Son zèle suscita le dévouement
des habitants de Retournaguet qui, à cette époque, ne
roulaient pas sur l'or.
Voici quelques-unes de ses principales réalisations
:
En 1849: acquisition et bénédiction d'un champ pour cimetière,
achat d'une cloche.
En 1850: construction de la sacristie. 1851 : édification du
presbytère.
En 1855 : création d'une école communale pour les garçons.
En 1856 : fondation de la communauté des Soeurs de Saint-François.
En 1858 : construction de la voûte de l'église, boiserie
du choeur. 1859 : érection d'une croix dominicale.
En 1861: acquisition d'une belle statue en bois.
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