Mgr Brincard s'exprime sur la loi Veil qui a 30 ans

Pouvez-vous nous présenter la position de l’Eglise catholique sur l’avortement ?

Parlons d’abord de la beauté de la vie humaine. Elle est espérance pour celui qui la reçoit et exigence d’un engagement de la part de cette grande famille qu’est l’humanité. Disons un mot sur cet engagement qui concerne en premier lieu les parents : ils ont transmis la vie, cependant ils n’en sont pas les propriétaires mais les serviteurs.
L’engagement concerne aussi la société pour laquelle toute vie humaine est une richesse sans prix, richesse méritant les plus grands dévouements. « Mais pourquoi ? » – dira-t-on. A cette question importante, il convient de répondre clairement :

Une réflexion conduite par la raison aboutit à la certitude que dès son commencement dans le sein maternel, l’embryon humain a une dignité qu’on ne décrète pas selon des critères inspirés par les circonstances. On ne voit pas, en effet, pourquoi on déciderait qu’une vie devient humaine à un certain stade alors que la science génétique moderne a montré que «dès le premier instant se trouve fixé le programme de ce que sera ce vivant : une personne individuelle avec ses notes caractéristiques déjà bien déterminées ». Une société qui ne veut pas être une jungle où le plus fort l’emporte sur le faible, s’emploie à faire en sorte que l’existence du tout petit, sans défense, parvienne à son plein développement. Une telle société contribue au bonheur de la personne et à la vraie prospérité d’un pays.

J’ajoute ceci : aimé dès le premier moment de son cheminement terrestre et servi par ceux qui ont la charge de le faire grandir, l’enfant ne regrettera jamais d’être venu à l’existence même s’il lui faudra découvrir plus tard qu’il lui appartient de poser librement les actes conduisant au bonheur.
De telles considérations mettent la personne à l’abri d’intérêts égoïstes et fondent en vérité la légitimité des lois. Ce point de vue est, bien entendu, partagé par les chrétiens qui, dans la lumière de la foi, découvrent de nouvelles profondeurs à la dignité humaine : notre vie est reçue de Dieu. Elle est donc un bien sacré dont il nous appartient seulement de favoriser le développement, développement au service d’une destinée, celle d’un enfant de Dieu appelé à un bonheur inouï.




Pourquoi alors cette position de l’Eglise catholique sur l’avortement est-elle si souvent mal perçue par l’opinion de notre pays ?

Je ne sais si elle est mal perçue. Je crois surtout qu’elle dérange. Oublieuse d’une tradition d’humanisme qui a fait la grandeur de notre pays, notre société perd peu à peu ses repères fondamentaux au point de trouver normal l’inacceptable. Les consciences finissent par être anesthésiées par des lois injustes. Du même coup, les vraies positions de l’Eglise sur ce sujet, comme sur bien d’autres, sont passées sous silence lorsqu’elles ne sont pas présentées de manière si caricaturales qu’elles provoquent des réactions d’antipathie voire de haine. A cet égard, il faudrait se demander pourquoi certains grands medias sont si hostiles à l’Eglise catholique...

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http://catholique-lepuy.cef.fr/evek/questions6.htm